Le personnage de Vénus dans le tableau peint par Sandro Botticelli en 1485 est une déesse qui nait de la mutilation des parties génitales de son père Ouranos et de l’écume de la mer. Elle est l’incarnation de la beauté et de l’amour issue pourtant d’une fracture et d’un acte de violence extrême. En équilibre, ingénue, sensuelle et érotique, s’agit-il de la représentation de la femme émancipée ou de l’idéal masculin sur fond de cliché ?
Dans mes dessins, j’ai voulu aborder les états émotionnels dans lesquels plonge la naissance de l’amour: cristallisation, ivresse, aveuglement, noblesse, émerveillement, plaisir, douleur…Comme toutes les naissances, celle-ci est rythmée par le tic tac du temps qui passe, annonciateur de la vie et de la mort, de l’attente, des rêveries, des doutes, de la rupture, du renouvellement…La position dite en Contrapposto de la Vénus accentue ce déséquilibre émotionnel. Chaque dessin raconte ainsi une histoire, une étape, dans ce tourment exquis de la naissance du sentiment amoureux et du bouleversement qu’il provoque, exprimé par un large éventail de techniques mixtes et d’une palette de couleurs saturées et contrastées. Références : Bill Nauman « Contrapposto studies », Théogonie d’Hésiode pour le mythe de Vénus, le poème « Brise » d’Arthur Rimbaud.