
La génèse du projet
Le projet de l’exposition « Aspiration au voyage » est né dans ce moment de sidération qu’a été le premier confinement en mars 2020 …Mise à l’arrêt, dans l’impossibilité de sortir à plus d’un kilomètre de son domicile, pas plus d’une heure…L’horizon s’était brutalement rétréci, ne restait que les pouvoirs de l’imagination et l’envie de créer pour explorer cet ailleurs constitutif du voyage. «…un trajet hors-norme riche en rebondissements… » tel que l’écrivait Charles Baudelaire, il fallait bien cela ! La résistance s’est organisée!
Avec 8 autres artistes, j’exposerai mon carnet de voyage format tableau… et je serai aussi avec Sandrine Zedame, La commissaire de cette exposition, une grande première !
Voici ma démarche ainsi que quelques tableaux qui n’attendent que d’être accrochés…
J’ai pensé cette exposition comme un voyage en trois étapes. Un vrai voyage rempli d’incertitudes et de rebondissements. Je me suis laissée guider sur le chemin de la même manière que j’aime voyager, c’est-à-dire en me laissant surprendre et en acceptant de changer d’itinéraire en fonction des signes rencontrés.
Dans ces temps contraints à l’immobilité, je suis donc partie là où je voulais aller :
D’abord dans mes souvenirs : New-York , Paris, Berlin, Istanbul, Montreal, Grenoble ….J’ai croisé ceux, celles que j’ai appelés « gens du voyage » , ces gens que l’on croise tout simplement, signe de notre humanité partagée. Des morceaux de cahiers déchirés accompagnent les images.
Puis mon amie d’enfance est réapparue par la voix des réseaux satellitaires comme par enchantement, elle vit ailleurs… Je suis toujours confinée, repliée…
Me voilà donc partie pour la rejoindre, un voyage intérieur guidée par le poème en prose de Charles Baudelaire « L’invitation au voyage » dans ce pays de Cocagne où elle vit et que j’ai imaginé , « la nostalgie du pays que l’on ignore », la nostalgie de l’enfance envolée, perdue,… ce deuxième voyage se décline en 4 étapes matérialisées à la manière d’un carnet de voyage guidé par la poésie; voyage de sensations et de couleurs dans ce pays rêvé , festoyant, chatoyant à la rencontre de mon amie perdue. Ce voyage devient alors « retrouvailles » et sujet à une exploration parallèle des couleurs, des matières et des formes. Expression à la fois nostalgique et enthousiaste de ce qui a disparu et de ce qui réapparaît….
Enfin, de retour de voyage, je me suis replongée dans cet itinéraire qui m’a emporté si loin. J’ai feuilleté mes carnets de voyage, partir, c’est mourir un peu pour renaître beaucoup. Renaître à soi , renaître aux autres …Toujours nostalgique et désormais énergique pour continuer le voyage…
Références: La brume de William Turner, les intérieurs de Raoul Duffy, le mobilier vénitien, les petits poèmes en prose de C. Baudelaire, Stéphanie Ledoux.
1ere étape : Voyage dans mes souvenirs …les gens que je croise sur la route entre Montreal, New-York,Paris, Grenoble, Istanbul,…

« Notification du vide »–
Acrylique et collage sur toile 50 x60 cm
Extrait de mon carnet de voyage:
Samedi 10 juillet
16h17….
Communication, nouvelle technologie,
bip, bip …Notification du vide, rarement dans le vide…
Il paraît que cela nous rapproche ???
Si proche et néanmoins si loin…
Autour de ces deux-là , le monde grouille d’agitation colorée et vibrante: Peinture, collage, bombe aérosol, battle au sol, HIP-HOP, FREE STYLE
Les gens viennent du monde entier et je suis là aussi….
J’ai envie de bouger, de danser, de vibrer sans téléphone …

« Indécente indifférence »
Acrylique sur toile – 50 x 60 cm
Extrait de mon carnet de journal
Jeudi 9 juillet….
17h30 ….
Marche, marche, marche,…impossible de ralentir, sensation de vertige, aspirée par l’énergie de la ville: New York city ….
Temple de consommation, indifférence indécente….
On s’habitue à tout, à tel point qu’on ne voit plus rien…J’ai besoin d’un peu de repos, le calme de ma chambre…

« La ville est un monstre animé »
Acrylique et collage sur toile 50 x 60cm
Extrait de mon carnet de journal
Lundi 3 juin….
10h21…
Le voyage me libère du connu…
La nuit dans le train, pliée en quatre,
la tête dans le coaltar
pour arriver jusqu’ici: Paris.
Le temps d’un café-croissant dans un bistro du XIème et me voici propulsée sur le parvis du centre P..
J’attends encore un peu, à l’extérieur,
avant de m’engouffrer dans la file d’attente qui gonfle. Je voulais voir cette expo’,
faut donc patienter!
La ville est un monstre animé
par tous les humains de la cité …
Voici deux femmes,
qui me tournent le dos,
Je cultive ma patience , je les dessine! …

« Les gens se croisent »
Acrylique sur toile- 50 x 60 cm
Extrait de mon carnet de journal
Mardi 28 mars….
16H45
Je suis assise dehors comme d’habitude
depuis que c’est le printemps …
Je profite des gens qui se promènent,
qui déambulent, minuscules …
Le temps passe, nous trépasse,
tandis que la vie se rêve en
couleurs et en drames…
Ceux-là se croisent sans même
se voir, baignés dans un monde
et ses contrastes …
isolés, indifférents, pris au piège…
Peut-être?
Demain est un autre jour
On verra bien….

« Ô temps suspends ton vol »
Acrylique sur toile- 50 X 60 cm
Extrait de mon carnet de journal
Jeudi 17 avril…..
14h53
C’est deux-là m’ont touchée…sans rien se dire leurs yeux d’amoureux se parlent dans la lueur de cette fin d’après-midi pleine de langueur….Nous sommes dans un parc quelque part en Asie, dans cette ville haute en couleurs où j’aimerais me perdre encore jusqu’à tout à l’heure. Le temps est toujours compté, il ne s’arrête qu’un instant dans les yeux des amoureux….
Vous trouverez la suite de mon voyage dans un prochain article…
À SUIVRE
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